Il fallait sans doute sy attendre : le pitre aux grandes chaussures noires, dans ses petits souliers, a la déconnante un peu moins facile. Je suis quelquun de normal. Je mamuse, je pleure, jai des problèmes avec la famille. Tout ce qui fait partie de la vie, assume-t-il. En coulisse, le farceur professionnel nest pas non plus triste. Juste humain, en fait.
Arys, de son vrai nom Aires Ribeiro, 44 ans, réserve ses excentricités à la piste du cirque A. Fratellini. Faire le clown le transcende : Quand je suis malade, ou que jai des problèmes familiaux, je mhabille, je mets le maquillage et joublie tout.
Avec une certaine réussite, puisque la compagnie nhésite pas à mettre en avant ce virtuose portugais. Dans son spectacle, où lamuseur denfants intervient à cinq reprises. Et auprès des médias, pour lesquels il est présenté comme lattraction phare. Chez lui, le clown est naturel. Les gens ne ressentent pas que cest fait par obligation, loue William Fratellini. Surjouer nest pas jouer, cest bien connu. Je fais le clown parce que jaime faire ça, confirme Arys. Même si cest aussi pour gagner ma vie, je le fais de manière naturelle. Une fois le costume enfilé, sentend.
Le clown naît avec la personne
Sans la fibre, point de carrière : On napprend pas à faire le clown. Il y a beaucoup décoles de cirque, tu apprends à faire du trapèze. Mais je ne connais pas un clown qui soit passé par une école. Etre clown, cest quelque chose qui naît avec la personne. Si tu ne las pas, tu narriveras jamais à faire grand-chose.
Linné primerait donc sur lacquis. Avoir le talent, cependant, ne suffit pas. Arys lui-même sest formé, à lâge de six ans, aux côtés de son père, clown du grand cirque portugais Victor Hugo Cardinali le grand-père manipulait les marionnettes de Guignol. Après un intermède entre 10 à 15 ans au football, il sest remis à la piste, où il a progressivement gagné en expérience et en notoriété. Au point dobtenir, en 2001-2002, le deuxième prix du concours national des clowns portugais. Derrière un concurrent étranger.
Sous les ordres de M. Mordon depuis huit ans, associé des Fratellini, il vient seulement de démarrer la tournée avec le cirque installé à Anglet : Cela fait juste un mois et ça se passe bien, raconte-t-il. Des gens du cirque mappellent, Sophie Edelstein de Pinder,.... Mais je préfère ici, car on fonctionne en famille. Là-bas, les artistes sont regardés comme des objets.
En mettant en lumière le numéro dArys, le cirque A. Fratellini, lui, ne sy trompe pas : il valorise son artiste en même temps quil renoue, symboliquement, avec lhistoire de la compagnie. Trois frères clowns, François, Albert et Paul, qui se produisaient au début du XXe siècle, ont forgé sa renommée. Annie Fratellini, lune de leurs descendants, la prolongée en devenant la première femme clown, après-guerre.
La performance dArys présente la particularité dêtre très musicale. Les clowns jouent beaucoup avec la musique au Portugal. Mon père ma appris. Je joue de la trompette, du saxo, de laccordéon, du trombone, de la flûte, de lharmonica. La seule chose dont je ne joue pas, cest du violon. Arys aime faire venir sur la piste des enfants du public, il sadapte à laffluence et propose des gags destinés tantôt aux petits, tantôt aux parents.
Le clown portugais officie en duo, jusquà il y a peu avec lune de ses filles, Daisy, récemment partie vers dautres spécialités du cirque. Désormais avec Jasmine, sept ans. Elle a manifesté lenvie dimiter son père, car cest trop rigolo de faire rire les enfants. Son nom de scène : Mouskit. Jai tous les habits, il ne me manque plus que les chaussures, senthousiasme-t-elle. La tradition familiale a encore de beaux jours devant elle.
- Des spectacles tous les soirs à 21 heures jusquau 19 août
Pour sy retrouver dans larbre généalogique des Fratellini, quel cirque ! Une chose est sûre : depuis le 20 juillet et jusquau 19 août, les adeptes dAlain, descendant parmi les descendants du célèbre trio de clowns des années 1910-1940, François, Albert et Paul, ont posé chapiteau et chameaux à Anglet, du côté de la chambre dAmour.
Cela faisait une vingtaine dannées que nous nétions pas venus dans la région, affirme William Fratellini, monsieur Loyal du spectacle et arrière-petit-fils de Paul.
La particularité de la troupe en présence ? Nous sommes avant tout une école de cirque de la région parisienne, créée en 1997 par Alain Fratellini, dévoile le jeune présentateur de 18 ans.
Le cirque A. Fratellini revendique lutilisation dartistes formés par ses soins à Saint-Denis, bien sûr, mais aussi dans les antennes de Bordeaux, Lyon ou encore Lisbonne. Toute lannée, on tourne sur les routes françaises avec les artistes qui ont fini leurs études, certifie W. Fratellini.
Des virtuoses étrangers complètent le dispositif, notamment Arys, clown portugais très apprécié. Un fakir, des jongleurs, des trapézistes et tout ce qui fait la vie dun cirque habituel sont avec lui au menu tous les soirs, à 21 heures. Tarif 10 enfants, 15 adultes ; renseignements au 06 64 23 46 04.
Sans oublier le lot obligatoire danimaux : lions, chameaux, dromadaires, lamas, alpagas, watusis dAfrique et autres buffles dEcosse.
Les gens se changent les idées
La crise économique népargne personne. Le cirque, dont la bonne santé dépend en partie du pouvoir dachat des gens, est forcément touché. Cest plus difficile, reconnaît William Fratellini. Pour autant, il dit constater chez le public un besoin de joie de vivre, damusement, qui permet au cirque de marcher encore dans le contexte actuel. On parle avec les gens à lentracte, ils nous disent quils ont envie de se changer les idées, doublier les soucis, complète le monsieur Loyal du spectacle.
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