Avant lui, les Grüss avaient réussi à ce faire un nom dans lunivers très convoité du cirque. Lucien, lui, sest fait un prénom dans le monde du spectacle équestre. Lucien Grüss, cest lartiste qui regarde sa vie avec des yeux denfant, qui ne cesse de sémerveiller des jolies choses, qui offre ses sourires et ses rires avec une générosité incontrôlable un peu comme sil voulait rendre ce bonheur que lui a offert sa famille en lui transmettant la passion du cirque, du spectacle, du cheval.
"Le cirque a fait de moi un artiste, mon père, Alexis Sénior Grüss, a fait de moi un homme de cheval. Je dis souvent, pourquoi na-t-il pas fait de moi un brocanteur ? " lance le dresseur et écuyer de renom rieur. Sa vie aurait peut-être été moins mouvementée. Mais aurait-il aujourdhui les yeux aussi pétillants ? Ces yeux mêmes qui ont vu les beaux jours du cirque, ces yeux qui regardent les chevaux avec tant damour, ces yeux, qui grâce aux tournées en France et à lÉtranger, ont découvert tant de beaux paysages. Pour sûr, la vie de celui qui a débuté sa carrière à lâge de 3 ans, consacrée à sa cavalerie soit 25 chevaux, na pas été de tout repos, mais il ne regrette rien.
"Le cheval, cest un animal dont il faut soccuper tout le temps. Cest un assisté, il a besoin que lon soit là pour lui. Et puis de toute façon, le vacances, ce nest pas mon truc". Dailleurs, se laissant aller à la confidence, Lucien Grüss se souvient de ces vacances quil avait passé dans le Sud de la France cédant aux caprices de sa compagne de lépoque. "À peine trois jours après être arrivé, je lai planté pour aller faire une balade à cheval en Camargue" samuse-t-il avant dajouter plus sérieux : "Les chevaux, cest ma vie, je leur ai consacré tant dannées et cest grâce à eux si jai pu faire de belles rencontres tout au long de ma carrière. Jai ainsi rencontré Serge Gainsbourg mais aussi des artistes de cinéma tels que Thierry Lhermitte et puis mon grand ami, le parfumeur Jean-Paul Guerlain".
Ces rencontres, Lucien Grüss les a faites à Paris ou lorsquil était en tournée pour son spectacle équestre de 1982 à 1995 ou pour le cirque de sa sur Arlette de 1996 à 2003. Mais il a su rester fidèle. À tel point que certains nhésitent pas à lui rentre visite au Haras national dUzès où il a posé ses box en 2004 pour ne plus jamais en partir. "Pas plus tard quil y a deux semaines, Thierry Lhermitte est venu me faire un coucou express au Haras, il était en vacances chez son ami comédien Patrick Timsit". Lanecdote paraît prétentieuse et pourtant, il nen est rien. Lucien Grüss est un homme simple, dans le sens le plus noble du terme. La famille, lamitié et la fidélité sont simplement son leitmotiv.
Lucien Grüss, un gardois dadoption
Si Lucien Grüss ne sest installé dans le Sud de la France quen 1990, dabord à Morières (Bouches-du-Rhône) avant darriver à Uzès après avoir rencontré le directeur du Haras dUzès et le maire de la commune, il est maintenant un vrai local, un amoureux de ces terres gardoises. "Je vis maintenant avec mon épouse à Nîmes. Cest une ville que jadore pour ces monuments et notamment ses arènes. Je nai pas honte de le dire, je suis un aficionado. Et puis, jai de nombreux copains ici. Jai vécu un moment à Paris, mais dès que jy retourne, jétouffe. Et pourtant ne pas vouloir habiter à Paris, pour le business, cest un sacré sacrifice".
Côté "business" comme il dit, Lucien Grüss na pas vraiment de soucis à se faire, preuve en est avec son nouveau spectacle équestre quil présente depuis le début du mois de juillet et ce jusquà fin août au Haras national dUzès : The Dresseur. Il fait salle comble à chaque représentation. "Avec ce spectacle créé par la comédienne Élodie Guizard, je mamuse beaucoup. Cest à la fois un spectacle équestre dans lequel on mélange le jeu de marionnettes, les courses poursuites de Charlie Chaplin, le tout sur des musiques de film de Jacques Tati. Il y a une part de rêve mais aussi de comédie, dhumour, précise lartiste. Je me moque de moi-même et ça, cest jouissif ! Comme je dis toujours aux jeunes qui démarrent dans le métier : Avec les chevaux, il ne faut jamais se prendre au sérieux, mais travailler sérieusement. On ne fait pas des spectacles équestres pour les puristes mais pour le grand public, il faut quil rêve et quil samuse aussi".
Samuser, comme le fait Lucien Grüss dans sa vie. Mais alors, que peut-on lui souhaiter pour lavenir ? "Regarder mes enfants grandir et puis que mon métier me permette de vivre car comme on dit, largent ne se trouve pas sous les sabots dun cheval". Toujours le mot pour rire cet homme-là. Mais avant de nous quitter, il tient à nous faire une dernière confidence, et pas des moindres, un projet qui trotte dans sa tête et qui pourrait, sil croit en son fer à cheval, voir le jour bientôt : "Mon rêve serait de créer un théâtre équestre à Nîmes. On pourrait y donner des spectacles et organiser des formations, des stages". Mais encore faut-il trouver un lieu
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Stéphanie Marin
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